A LA UNE : Réunion annuelle de la SF-SEP, novembre 2020
Réunion annuelle SF-SEP 2020 : Dématérialisée !
La première en direct de Bordeaux en mondiovision !
Ces temps perturbés par une deuxième vague virale, nous ont privé de nous rencontrer à Bordeaux cette année. Mais vive la visioconférence ! chacun à nos bureaux !
Si nous n’avons pu partager entre nous… nous avons partagé des écrans et encore des écrans.
L’année 2021 sera, nous l’espérons, en présentiel dans la cité du vin, non masqués, sans respect des distances de sécurité et bien sûr tout cela avec modération…
Notre Président le Pr Éric Thouvenot a ouvert les ordinateurs du premier congrès virtuel de la SF-SEP. La journée du vendredi 13 novembre était dense en belles présentations instructives, émaillées de quelques rares problèmes techniques.
La matinée dédiée à la médecine physique et de réadaptation sous la direction du Pr Cécile Donzé, s’est attachée aux membres supérieurs du patient SEP.
Le Dr Philippe Gallien (Rennes) a mis en avant les différentes échelles permettant plus ou moins bien d’évaluer la fonction du membre supérieur. L’EDSS reste une piètre échelle en la matière étant peu sensible au déficit brachial.
« Nous avons tous en tête la notion de capacité mais qu’en est-il de la capabilité ? » nous lance l’orateur. Cap’ ou pas cap’ !
L’utilisation de la CIF en MPR permet d’évaluer le « fonctionnement » et donc le handicap et en bon breton ? l’orateur s’interroge sur la « capabilité » du patient à réaliser une « crêpe » !
Le Dr Raphael Gross (Nantes) a mis en équation les mouvements des bras. « L’analyse quantifiée n’est pas antinomique de l’analyse du mouvement observé » a-t-il proclamé. Il a démontré l’intérêt à instrumenter les échelles cliniques pour une meilleur évaluation et cela grâce aux progrès de l’intelligence artificielle.
Cette première partie de matinée s’est refermée comme nos écrans d’ordinateur, mais ouverte vers un possible, voir probable projet collaboratif vers une « instrumentation » de l’examen clinique du membre supérieur… Pour que tous les MPR du monde puissent se prendre la main (de la même manière) !
De retour face à nos écrans toujours aussi bien partagés, nous pouvions regarder nos orateurs sans qu’ils nous voient. Etrange configuration !
Mais la science n’attend pas, l’heure c’est l’heure en matière de visioconférence, pas de retard en raison d’une pause-café ou thé prolongée par une boisson trop chaude. La tasse repose à côté de l’ordinateur et la séance peu reprendre…
Le maître de cérémonie Bordelais, le Pr Bruno Brochet fait son apparition derrière l’écran pour ouvrir la session cognition : « Désolé de ne pouvoir vous recevoir cette année mais optimiste pour 2021 … » La cognition prendra grandement part à toutes les interventions qui suivront et rien de mieux que le Pr Olivier Godefroy (Amiens) pour nous parler des fonctions exécutives.
Très vite l’orateur entre dans le vif du sujet :
– « Comment réaliser une tâche, peu routinière, qu’est le partage d’écran ? » s‘interroge-t-il
– En mettant en action ses fonctions exécutives bien évidemment !!….
La vitesse d’exécution a été plus que satisfaisante puisque rapidement nous avons pu visualiser le diaporama..
« La fonction exécutive est supra-modale » nous rappelle le professeur. Elle doit être explorée dans sa partie cognitive mais aussi comportementale. Si le syndrome dysexécutif existe avec les deux atteintes, il ne faut pas oublier les formes exclusivement comportementales ou exclusivement cognitives.
Le GREFEX (commission fonction exécutive du GRECO) est le maitre d’œuvre de l’harmonisation des batteries de test et répondre à des questions tel que :
– Pourquoi le syndrome dysexécutif comportemental est plus une hypoactivité qu’une hyperactivité ?
– Comment explorer les troubles des conduites sociales et faire la part des troubles de reconnaissances des émotions ?
Certainement que les réponses viendront rapidement…grâce aux fonctions exécutives des chercheurs.
La cognition si elle se score, elle peut se radiographier.
L’image au service de la cognition tel le pari que lance le Dr Thomas Tourdias (Bordeaux). La radiologie permet d’imager la vulnérabilité sélective cérébrale. L’hippocampe est vulnérable et responsable des troubles cognitifs chez nos patients. Mais l’entité n’est pas entièrement coupable… En fonction de la pathologie, l’imagerie s’attache à identifier qui du gyrus denté ou autres parties de l’hippocampe est atteinte en premier. Et pourquoi ? la réponse pourrait venir de la microglie. « Mais l’histoire ne s’arrête pas là » nous promet l’orateur, plus tard dans la journée nous connaitrons la suite. C’est comme dans une série, vivement le prochain épisode!
Le Dr Ismail Koubiyr (Bordeaux) ajoute sa pierre à l’édifice radiologique en matière de cognition. La connectivité fonctionnelle imagée est au service des troubles cognitifs.
Quels réseaux neuronaux, quelles voies sont incriminées ? Mais surtout évaluer leur activité, leur connectivité. Conclure que de l’atteinte structurelle, une réorganisation fonctionnelle est possible jusqu’à un seuil ou apparait les troubles cognitifs.
Avant la pause déjeuner seul dans notre coin, le Dr Céline Louapre (Paris) a conclu la matinée avec le rôle du cortex dans la cognition. Dans le suivi longitudinal des patients, l’atteinte de la substance grise est étroitement corrélée à la dysfonction cognitive. Il est mis en avant l’importance du néocortex. Si l’atrophie corticale est un marqueur prédictif, il est trop tardif. D’où l’importance de s’attacher maintenant aux lésions loco-corticales de démyélinisation …
Quatorze heures, chacun devant son écran attend le nouvel épisode annoncé par le Dr Thomas Tourdias : Après l’hippocampe, les noyaux gris centraux dans la SEP. Son atteinte reste un avertisseur et doit faire penser au syndrome de Suzac, ou autre ADEM…
Les hypersignaux des noyaux dentelés chez nos patients SEP suivis maintenant depuis de nombreuses années sont un signe radiologique d’une accumulation de gadolinium de nos trop nombreuses IRM injectée. Comme un tatouage ! Mais qu’en est-il de sa pathogénicité ? l’avenir nous le dira peut-être. En revanche les lésions du thalamus est un baromètre de l’atteinte neurodégénérative de la maladie et certainement une valeur prédictive sur la cognition du patient.
Nous attendions le Pr Aurélie Ruet (Bordeaux) sur le sujet des atteintes structurelles à l’atteinte fonctionnelle dans la cognition. Mais la technique informatique en a voulu autrement, certainement un manque de connexion. Comme dans toutes équipes sportives il existe toujours un remplaçant sur le banc pour rentrer sur le terrain. Le Pr Bruno Brochet a chaussé son écran pour transformer l’essai.
Les structures atteintes dans le processus cognitif sont nombreuses mais le tiercé gagnant est l’hippocampe, le cervelet (lobule postérieur) et le thalamus. De l’anatomie, il est indispensable de passer à la fonction. Les explorations radiologiques fonctionnelles ont pu mettre en avant les activations de centres non impliqués classiquement, révélateur de phénomènes de compensation avec un recrutement d’autres axes.
La mi-temps est sifflée par l’arbitre (le Pr Aurélie Ruet a pu se connecter !). Les équipes rentrent aux vestiaires. Les spectateurs peuvent se dégourdir les jambes, chacun dans son coin, confinés.
La reprise nous donne à réfléchir sur les thèmes annoncés comme tendances, voir « instagramable » !
Le programme est alléchant : SEP et cheveux gris, SEP et cognition sociale et inflammation méningée
Le Dr Jean Christophe Ouallet (Bordeaux) met sous les projecteurs les particularités de la SEP des patients avec les cheveux gris. Il est fort déplaisant pour tous les quinquagénaires d’entendre dire que le nombre de patient âgé débutant la maladie augmente sachant que le seuil est mis à 50 ans !
– Est-ce vieux 50 ans ? – oui ! en matière de SEP. En effet, si on estimait le pourcentage à 5% avant 2000, ce dernier augmente jusqu’à 10%. Les formes cliniques sont différentes comme les myélites, les NMOSD … Leur prise en charge devra être réfléchi sous l’angle de l’immunosénescence..
Cette journée tend vers sa fin et reste encore deux orateurs ou plutôt deux oratrices encore plus tendance #les expert sont aussi des expertes !
Le Dr Cécile Dulau (Bordeaux) rappelle et alerte de l’intérêt d’explorer la cognition sociale dans la SEP en s’appuyant sur la théorie de l’esprit cognitif et de l’esprit affectif. Plusieurs tests sont développés pour lequel nous ne sommes pas tous habitués et devront certainement faire partie de la batterie neurocognitive des SEP. Le eyes test, la réhabilitation psycho sociale vont maintenant entrer dans notre langage.
Nous entendons parler depuis plus de huit heures d’une affection inflammatoire, et si les méninges n’y échappé pas ? Le Dr Nathalie Schmitt (Bordeaux) confirme l’inflammation méningée. L’existence de centres ectopiques germinatifs méningés, amas de cellules immunitaires, serait de mauvais pronostic et retrouvé dans les formes secondairement progressives
Ce premier congrès dématérialisé va prendre fin, chaque congressiste, confiné dans son coin, espère pouvoir partager autre chose que des écrans l’année prochaine. Avouons ! Nous avons pris plaisir à écouter, vêtu du jogging du dimanche, les charentaises aux pieds, la tablette de chocolat à portée de main, tous ces vaillants intervenants pour que, des quatre coins de la francophonie, rayonne la SF-SEP.
A l’année prochaine en vrai !
PB – Novembre 2020