RECOMMANDATIONS : SEP et Grossesse
Référence : Bodiguel E, Bensa C, Brassat D et al; Groupe de Réflexion sur la Sclérose en Plaques Multiple sclerosis and pregnancy. Rev Neurol. 2014;170(4):247-65.
Impact de la sclérose en plaques sur la grossesse
La SEP n’est pas une contre-indication à la grossesse. Elle n’a de répercussion délétère ni sur la fertilité, ni sur le déroulement d’une grossesse, ni sur l’accouchement, ni sur le nouveau-né. Un suivi obstétrical classique est préconisé.
Traitement d’une poussée pendant la grossesse et en post- partum
Il n’y a pas de contre-indication à réaliser des bolus intraveineux de méthylprednisolone aux doses habituelles en cas de poussée de SEP.
L’allaitement ne constitue pas une contre-indication à réaliser des bolus de méthylprednisolone. Il est recommandé de ne pas allaiter durant la perfusion et de respecter un délai minimal de 4 heures entre la fin de la perfusion de méthylprednisolone et la reprise des tétées.
Procédures habituelles d’accouchement (péridurale, voie d’accouchement, anesthésie…) en cas de SEP
Il n’est pas recommandé de modifier les procédures d’accouchement chez les patientes présentant une SEP. Seuls les critères obstétricaux sont à prendre en compte pour le choix du mode d’accouchement.
Il est recommandé de privilégier le recours à l’analgésie péridurale et d’utiliser des anesthésiques de faible concentration. L’indication d’une rachianesthésie ou d’une extension de péridurale avec des anesthésiques locaux concentrés doit être discutée au cas par cas. Ces techniques sont à éviter en cas de poussée médullaire.
Prise en charge du post-partum en cas de SEP et allaitement
L’allaitement est possible dans le post-partum dans la mesure où la maladie ne justifie pas la reprise rapide d’un traitement de fond. Si la reprise d’un traitement de fond est nécessaire durant l’allaitement, seul l’interféron bêta est envisageable.
Du point de vue obstétrical, la prise en charge du post-partum des patientes ayant une SEP ne diffère pas de la prise en charge habituelle.
En cas de grossesse chez une patiente non ambulatoire ayant une SEP, il est nécessaire de sensibiliser l’équipe soignante obstétricale à la prise en charge du handicap (accord professionnel relatif).
Il est recommandé de sensibiliser les patientes à la pratique de la rééducation périnéale au cours du post-partum. Celle-ci devra être adaptée à la présence éventuelle de troubles vésico-sphinctériens.
Arrêt du traitement de fond et grossesse : modalités
La poursuite d’un traitement immunomodulateur (interféron bêta ou acétate de glatiramère) est possible jusqu’à la preuve de la conception, sans effet délétère actuellement démontré sur l’embryon ou le fœtus ni sur le déroulement de la grossesse.
Dans le cas des maladies très actives, la poursuite du traitement immunomodulateur (interféron bêta ou acétate de glatiramère) durant toute la grossesse peut être également discutée au cas par cas, en l’absence de toxicité actuellement démontrée par les données des études et les registres de pharmacovigilance (accord professionnel relatif).
Il est recommandé d’arrêter les traitements immunosuppresseurs (cyclophosphamide [hors AMM], mitoxantrone) lorsqu’une grossesse est envisagée, du fait de leur toxicité potentielle dans les études pré-thérapeutiques et du fait de leur pharmacodynamie.
Malgré l’absence d’interdiction formelle formulée dans le Résumé des Caractéristiques du Produit, il est recommandé d’arrêter le natalizumab 3 mois avant l’arrêt de la contraception, en l’absence de données de sécurité suffisantes et du fait des données de pharmacodynamie. Le relais par un immunomodulateur est possible.
Le fingolimod doit être interrompu au moins 2 mois avant l’arrêt de la contraception, du fait d’un risque tératogène démontré chez l’animal.
Interruption médicale de grossesse chez une femme qui a débuté une grossesse alors qu’elle suivait un traitement de fond pour une SEP
En cas de conception sous immunomodulateur ou sous azathioprine, il n’y a pas de raison de recommander une interruption médicale de grossesse. Pour la mitoxantrone, le natalizumab et le fingolimod, il n’y a pas de donnée suffisante pour faire une recommandation.
En cas de grossesse débutée sous immunosuppresseur (sauf l’azathioprine), la patiente devra être informée de l’absence de recommandation spécifique vis- à-vis d’une interruption médicale de grossesse. Un suivi échographique dans un centre de référence des grossesses à risque sera conseillé. En cas d’anomalie, la patiente pourra être adressée à un centre pluridisciplinaire de diagnostic prénatal.
Reprise d’un traitement de fond après une grossesse
Après un accouchement, la reprise du traitement de fond de la SEP est conseillée dès que possible aux patientes à risque de poussée dans le post-partum (patientes ayant fait au moins une poussée dans l’année précédant la grossesse et/ou au cours de la grossesse).
L’allaitement peut être laissé au libre choix des patientes mais empêchera la reprise d’un traitement de fond de la SEP autre qu’un interféron bêta.