SFSEP CAEN 2018 : MADE IN NORMANDIE
Jeudi 13 septembre 2018 :
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Au sommaire de ce compte-rendu :
– Conférence « réalité virtuelle et santé »
– Réunion MPR consacrée à la douleur
– Projets collaboratifs
PLACE DE LA RÉALITÉ VIRTUELLE DANS LA SANTÉ : IN VIRTUO VERITAS ?
Evelyne Klinger, ingénieur et docteur de TÉLÉCOM Paris Tech, spécialiste des thérapies assistées par réalité virtuelle nous immerge dans le monde du Transhumanisme. La réalité virtuelle permet et permettra de réparer, de maintenir en bonne santé mais aussi d’augmenter l’humain.
Dans le domaine du traumatisme du Système Nerveux Central, le défi est la récupération de l’autonomie par un environnement virtuel. Cette science est adolescente à l’échelon de la médecine. Elle reste à la recherche de preuves. Ce n’est que dans les années 90 qu’Albert Rizzo publie les premiers articles impliquant la réalité virtuelle dans le domaine de la santé.
Elle a besoin d’outils comme un casque, un joystick, un ordinateur. Pour atteindre un monde numérique, l’immersion et les interactions nécessitent des interfaces. Le monde de l’ingénierie sert le monde médical. L’ingénieur propose l’expérience virtuelle, l’activation simulée ou de « Serious Game », pour soigner les phobies, troubles moteurs, troubles sensoriels ou troubles cognitifs.
… La réalité virtuelle au service de la psychiatrie
Après les expériences in vitro, les études in vivo, voilà le temps des stratégies d’exposition IN VIRTUO dans les thérapies cognitivo comportementales. Le défi est de transposé le comportement appris en réalité virtuelle chez les patients phobiques (exemple : immersion avec des araignées …) aux situations réelles. Le champ d’application est large : phobie sociale, trouble du comportement alimentaire.
… La réalité virtuelle au service de la neurologie
Le film « « Avatar » de James Cameron est-il de la science fiction ou un film d’anticipation ?
Evelyne Klinger répond en partie à la question. Les entraînements virtuels plus ludiques et motivants permet des changements corticaux.
Ces applications intéressent certains troubles moteurs. La rééducation se sert déjà de ces outils. La plateforme CAREN vise à regagner de l’autonomie aux patients victimes de troubles de la marche ou de l’équilibre.
Les troubles sensoriels comme la perte de la vue, se sert de la réalité virtuelle pour mieux explorer les déficiences. N’oublions pas que le monde virtuel n’est pas que visuel mais aussi sonore. Leurs expériences chez les malvoyants ont permis de mieux comprendre leur capacité et plasticité à appréhender l’espace et visualiser les obstacles dans un monde virtuel. Les enfants sourds présenteraient des troubles d’apprentissage aux mathématiques. La réalité virtuelle serait aux services « de Pythagore et de la racine carré »
Les troubles cognitifs ne sont pas mis de côté, en particulier les troubles dysexécutifs. Le VAP-S puis VAP-S 2.0, supermarché virtuel est un outil d’exploration, d’expérience et de rééducation dans plusieurs maladies neurologiques aussi diverses que le parkinson, l’accident vasculaire cérébral, le MCI et même la schizophrénie. Il est espéré de pouvoir transférer l’expérience virtuelle du patient vers sa vie quotidienne.
Comme toute nouvelle science, elle demande à être encadrée, sécurisée : attention les masques de réalité virtuelle pas plus de 10 minutes… Le saviez-vous ?
Et la réalité virtuelle au service de la sclérose en plaques ! Ses troubles moteurs et de l’équilibre ont déjà fait publier plus de 30 articles après une recherche PUB MED.
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REUNION MPR
Les médecins physiques et rééducateurs rejoignent chaque année les réunions de la SFSEP sous l’impulsion de Cécile Donze. Ce vendredi 14 septembre 2018 a permis de s’intéresser à un symptôme « fantôme » : la douleur.
LA CHASSE AU FANTOME … LA DOULEUR
Caroline Massot interpelle sur la méconnaissance de ce symptôme bien trop souvent invisible à l’œil du médecin. Pour preuve, l’EDSS l’exclut de sa cotation.
La plainte douloureuse est fréquente et sa prévalence moyenne est de 63%. La douleur neuropathique centrale est la plus étudiée et certainement la moins oubliée (névralgie du trijumeau, signe de Lhermitte, dysesthésies…). Les douleurs mixtes comme les céphalées et les migraines restent plus fréquentes par rapport à la population générale. Les douleurs nociceptives sont sous évaluées (18.3%). Les rachialgies et en particulier les lombalgies sont fréquentes, 60% sont chroniques et 48% irradient dans les membres inférieurs. Il faut être attentif quant au risque de chronicisation. L’altération du schéma moteur dans la SEP produit une instabilité posturale et donc une chronicisation des rachialgies. Cette hypothèse est avancée par l’oratrice et reste à étudier.
« TAKE HOME MESSAGE »
1. Après un EDSS>7, penser à intégrer une équipe de soins palliatifs devant la difficulté de l’évaluation de la douleur. Les troubles cognitifs, les troubles de la déglutition interfèrent. La mobilité de certaines équipes permet l’évaluation en milieu écologique.
2. Attention ! La douleur peut diminuer le périmètre de marche : implication dans l’EDSS.
3. Penser aux comorbidités douloureuses comme le diabète ou un canal lombaire étroit….
DE LA CUISINE, LA SALADE NICOISE A UNE RIGUEUR SCIENTIFIQUE
Hayel Alchaar, algologue, fait une mise au point sur la prise en charge médicamenteuse de la douleur.
Le traitement des douleurs nociceptives obéit à des paliers médicamenteux de l’OMS. Ces 3 paliers doivent être respectés et connus. La recette est écrite.
En revanche, pour les douleurs neuropathiques, la cuisine n’est pas aussi bien ordonnée, d’où la fameuse « salade niçoise ». Il n’existe pas de traitement spécifique. Les antidépresseurs (AD), les antiépileptiques (AE) deviennent des modulateurs de la douleur. Les opioïdes et cannabinoïdes (Dronabinol…) font partie de l’arsenal ou des ingrédients thérapeutiques.
« TAKE OF MESSAGE »
1. Parmi les AD, les tricycliques ont plus d’effets secondaires que les IRS pour des doses efficaces.
2. Les opioïdes apaisent la douleur neuropathique mais à de fortes doses : attention aux effets secondaires.
3. Cannabinoïdes (dronabinol) efficaces mais pas encore d’AMM.
4. Utilisation de topic comme QUTENZA® est de manipulation délicate et hospitalière avec des équipes entraînées (génère des brûlures au deuxième degré).
APRES LA SALADE NICOISE, LES THERAPEUTIQUES ALTERNATIVES NON MEDICAMENTEUSES :
Philipe Gallien a évité le catalogue indigeste et propose des tiercés gagnants.
L’étude NARCOMS, registre nord-américain, permet d’établir le tiercé des thérapeutiques alternatives utilisées pour plus de la moitié des patients : Ostéopathie, Massage, Nutritionniste.
Les Etudes d’Europe du Nord proposent : Acupuncture, Méditation, Massage.
Chaque thérapeutique alternative souffre de carence en études correctement conduite, sans biais. Seul le TENS, les massages et l’hypnose ont pu produire quelques études montrant leur efficacité dans les douleurs.
« TAKE HOME MESSAGE »
1. Beaucoup de thérapeutiques alternatives essayées.
2. Peu ayant de preuves scientifiques robustes.
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LES PROJETS COLLABORATIFS
Après l’appel de 18 juin qui a vu les troupes débarquées sur les plages normandes, l’appel du 14 septembre 2018 permet de communiquer sur les projets collaboratifs sur la Sclérose en Plaques.
1° appel FCRIN 4MS : quelles missions ? Il permet comme à un guichet unique d’initier, de soutenir, de constituer des essais cliniques. Il permet de fédérer les investigateurs, d’harmoniser les pratiques dans les centres de recherche clinique. (Céline Louapre, Gilles Edan, Pierre Labauge, Yanica Mathieu)
2° appel PHRC : projet de non infériorité du RITUXIMAB versus OCRELIZUMAB dans le traitement de la SEP RR. Le rationnel du projet vient des 40% de SEP RR traité en Suède. Le critère principal de jugement portera sur le pourcentage de patients sans activité. (Laure Michel, Gilles Edan)
3° appel AUTOGREFFE de cellules souches hématopoïétiques dans la SEP : où en sommes-nous et particulièrement en France ? La population bénéficiaire de cette thérapeutique reste restreinte : la maladie est inflammatoire rémittente de moins de 60 ans avec un EDSS <6. Aucune preuve n’est accordée pour les formes progressives. Le registre européen MATHEC répertorie 1267 patients. En France, seuls 17 patients en ont bénéficié (devant l’Albanie).
4° appel MONITORAGE des lymphocytes B mémoire dans le traitement par RITUXIMAB dans les maladies du spectre NMO. Ce projet compare le schéma classique sans monitorage à un schéma modifiable par la présence ou non de lymphocyte mémoire lors du monitoring. (Mikael Cohen et col.)
5° appel PHRC STOPISEP : arrêt des traitements de fond à visée immunologique chez les patients secondairement progressifs de plus de 50 ans et sans signe d’activité inflammatoire. 23 centres participent. La durée d’inclusion sera de 36 mois. L’objectif principal est la non infériorité de l’arrêt du TRAITEMENT sur la progression du handicap versus poursuite du traitement. (Anne Kerbrat, Emmanuelle Le page)
6° appel : une cohorte de fratrie de SEP se constitue afin de trouver des marqueurs biologiques, radiologiques et génétiques de la progression de la maladie dans des fratries (jumeau ou pas). (Céline Louapre)
Après les quelques projets collaboratifs, quelques infos dans la SEP …
1. Bébé sous TYSABRI : le registre de Biogen comporte 376 grossesses. La littérature répertorie 21 articles concernant les enfants nés sous tysabri : alerte de thrombopénie et anémie chez l’enfant né de mère sous Tysabri. La HAS recommande la prudence : suivi de maternité de niveau 3.
2. LA COHORTE RIS a changé de nom : Cohorte SFSEP OFSEP RIS inclut déjà 331 RIS (critères de BARKOFF 3/4 ou 4/4). 85 ont converti en SEP. Depuis 18 mois, sont inclus les PRE RIS (critères de Barkoff 1 /4 ou 2/4) (46 PRE RIS => 11 convertis RIS). Ce projet a fait des « petits », comme la cohorte PARIS en pédiatrie, OCRIS sur le versant ophtalmologique, PREMIER (patient céphalalgique), OBIT (BOC dans les larmes). Une première réunion internationale verra le jour en 2019 sur Nice. Les invités chanceux seront ceux qui participent à l’inclusion dans la cohorte RIS.
3. PROJET SANTE DE CERVEAU permet d’accéder en 12 langues à des supports scientifiques sur la SEP dédiés à la fois aux soignants et aux patients. Le téléchargement de ces documents est gratuit sur le site www.msbrainhealth.org.
4. UNE SOCIETE FRANCOPHONE D’ETP en NEUROLOGIE, EDUNEUROL, permet depuis janvier 2018 de fédérer et optimiser la prise en charge en ETP au sein de la Neurologie. Cette société a pour vocation de former et favoriser le partage de programmes.